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Port-au-Prince : Quand les Autorités Choisissent la Fuite

Port-au-Prince : Quand les Autorités Choisissent la Fuite

Port-au-Prince, la capitale, semble être devenue un lieu où les autorités n’ont plus de place. Au lieu d’être un rempart contre les difficultés du peuple, elles se sont éclipsées, abandonnant une population en détresse face à la violence des gangs. Et, pendant que les habitants luttent pour leur survie, ceux censés les protéger ont pris une décision bien plus simple : la fuite.

La police, cette institution censée garantir l’ordre, a disparu des rues. En lieu et place des uniformes qui devraient patrouiller pour protéger, on trouve des policiers repliés, discrètement absents, préférant leur sécurité à celle des citoyens. Au lieu de défendre la loi, ils se sont concentrés sur leur survie. Mais qu’importe, n’est-ce pas ? Après tout, ces policiers ne sont pas ceux qui risquent de se retrouver au cœur de l’action, dans les zones les plus dangereuses. Leur devoir semble s’être évanoui.

Et que dire de la justice ? Autrefois garante de l’équité et de la loi, elle semble avoir pris des vacances prolongées. Les tribunaux, les juges, tous semblent avoir déserté leurs fonctions. La justice n’est plus qu’un concept flou, une promesse sans avenir. Bien que les citoyens soient pris au piège des injustices, les portes des institutions sont restées fermées. Comme si personne ne se souciait de ce qui se passe réellement dans les rues de Port-au-Prince.

Les ministères, eux aussi, se sont volatilisé. On aurait cru qu’ils étaient des forteresses de gouvernement, mais aujourd’hui, il n’en reste que des coquilles vides. Les fonctionnaires ne répondent plus présents, préférant disparaître dans l’ombre de l’insécurité. Quant aux responsables politiques, ils se sont, comme toujours, assurés de maintenir leurs avantages et leurs privilèges, tandis que les problèmes du peuple deviennent chaque jour plus lourds.

Le Palais National, ce symbole du pouvoir, semble être devenu une forteresse imprenable, mais sans occupant. Le pouvoir est devenu invisible, tout comme l’engagement des dirigeants envers leur nation. Les politiques publiques semblent s’être égarées dans les ruelles désertées de la capitale, là où personne ne les cherche vraiment.

Mais ce qui est le plus frappant dans cette situation, c’est la façon dont les autorités ont fui, non pas seulement la violence des gangs, mais la réalité de ce pays qu’elles sont censées diriger. Elles ont abandonné leur peuple, sans un regard en arrière, tout en continuant à savourer les fruits de leur position.

La population, elle, n’a pas d’autre choix que de prier pour sa survie. Les gens, malgré tout, essaient de vivre. Mais qui va leur tendre la main ? Qui va leur donner l’espoir que les choses peuvent changer ? Si ce n’est pas ceux qui sont censés les défendre, qui ?

Port-au-Prince, aujourd’hui, est un lieu où la survie prime sur la dignité. Là où les autorités fuient, laissant un vide inquiétant, une société de plus en plus fragmentée. Mais un peuple courageux, résilient, se bat chaque jour. Il attend juste que ceux qui sont censés les guider réalisent qu’un gouvernement n’est pas fait pour fuir, mais pour servir.

L’heure est venue pour ceux qui occupent ces sièges de pouvoir de se rappeler ce qu’ils doivent à leur peuple. Mais cela semble être une idée qui leur échappe. Le peuple, quant à lui, continue de prier, de rêver d’un avenir où les autorités ne fuient plus, mais remplissent enfin leur rôle. Un avenir où les promesses ne se dissipent pas dans l’air comme un mirage, mais se transforment en actions concrètes.

Et jusqu’à ce jour, le peuple n’aura d’autre choix que d’espérer que les autorités comprennent enfin ce qu’est le véritable devoir d’un dirigeant : protéger, servir, et surtout ne jamais fuir.

Théodule Paul

Président de l’Institut Dessalinien