HAITI NE SE RECONSTRUIT PAS SANS L'HOMME HAITIEN: REFONDER L'HUMAIN POUR REFONDER LA NATION

• Par l’Institut Dessalinien
  
  Haïti ne manque pas d’intelligence. Elle ne manque pas de ressources. Elle ne manque même pas de rêves. Ce qui lui manque cruellement, c’est un homme nouveau, enraciné dans la dignité, instruit par la mémoire, animé par un sens élevé de responsabilité collective. La reconstruction d’Haïti ne commence ni dans les couloirs de la politique, ni dans les mains de bailleurs étrangers. Elle commence dans l’âme de chaque Haïtien.
  
  Il est illusoire de vouloir bâtir un pays sur les ruines morales d’un peuple qui doute de lui-même, qui s’habitue à l’indignité, qui banalise la corruption, qui glorifie le mépris de l’effort et de la vérité. Le sous-développement d’Haïti est d’abord une faillite de l’homme haïtien — et cette faillite n’est pas une fatalité. Elle est le fruit d’un déracinement historique, d’une déformation culturelle, d’un abandon de l’idéal dessalinien.
  
  Refonder la nation, c’est d’abord refonder l’humain. Car aucun projet collectif ne peut tenir debout sans une transformation profonde des mentalités, des valeurs, et de la conscience individuelle. Tant que l’homme haïtien ne se reconnaît pas comme acteur de son destin et gardien de la dignité nationale, toute reconstruction restera superficielle, temporaire, fragile.
  
  Comment refonder l’homme haïtien ? Des solutions claires
  
  1. Rééduquer la conscience nationale :
  Il faut enseigner, dès l’école, non seulement la lecture et les mathématiques, mais aussi l’amour du pays, la vérité historique, la responsabilité individuelle et le sens du bien commun. Une éducation dessalinienne forme des consciences libres, non des sujets passifs.
  2. Valoriser la vertu comme modèle social :
  La société doit cesser d’honorer ceux qui trichent, volent ou manipulent. L’homme haïtien doit pouvoir voir en l’honnêteté, le courage, la rigueur et le travail, des signes de grandeur, non de faiblesse.
  3. Reconstruire la cellule communautaire :
  Le pays ne sera fort que si la famille, l’école, les églises et les quartiers deviennent des foyers de transformation morale. Il faut y prêcher la discipline, la solidarité, la vérité, le respect et le devoir.
  4. Réconcilier l’homme haïtien avec le travail :
  Le travail n’est pas une punition, mais un honneur. Il faut réhabiliter le travail manuel, agricole, artisanal, et donner aux jeunes des opportunités d’apprendre et de contribuer, pour sortir de la culture de l’assistanat et de l’attente.
  5. Éveiller une nouvelle spiritualité civique :
  La nation est une foi. Refonder l’homme haïtien exige une spiritualité patriotique, un engagement profond avec le sens du sacrifice et de la mémoire. Il ne s’agit pas de chanter Haïti, mais de l’incarner dans ses choix quotidiens.
  
  Appel à la conscience nationale
  
  Haïti ne se sauvera pas sans la métamorphose de chacun de ses fils. Ce combat ne se gagnera pas avec des slogans, mais avec des sacrifices. Il ne commencera pas dans les institutions, mais dans le silence de nos consciences, là où l’homme se regarde, s’évalue et décide de se relever.
  
  Refonder Haïti, c’est accepter de se refonder soi-même. C’est passer de la plainte à l’action, du cynisme à la foi, du fatalisme à la responsabilité. Ce n’est pas un rêve lointain. C’est une œuvre quotidienne.
  
  Aujourd’hui, l’appel est lancé. Non pas à un gouvernement. Non pas à une élite. Mais à tout un peuple. Car la reconstruction d’Haïti commence toujours par la reconstruction de l’homme haïtien.

      Théodule Paul, Président de l’Institut Dessalinien