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Haïti : Une classe politique en faillite, un peuple en otage

Haïti : Une classe politique en faillite, un peuple en otage

Un État sans peuple, une politique sans nation

Depuis plus de deux siècles, Haïti survit sous l’ombre d’une classe politique qui ne l’a jamais reconnue. Non pas Haïti en tant que territoire, non pas Haïti en tant que république, mais Haïti en tant que peuple. Ceux qui ont occupé les plus hautes fonctions de l’État, ceux qui ont siégé dans les institutions supposées garantir la souveraineté nationale, ceux qui ont prétendu défendre les intérêts du pays n’ont jamais tenu compte de l’existence réelle du peuple haïtien.

Comment expliquer qu’un pays forgé par le courage et le sang de ses ancêtres soit réduit à une vaste étendue de misère, où la majorité lutte pour sa survie pendant qu’une minorité pille, trahit et s’agenouille devant les forces qui veulent sa destruction ? La réponse est simple et brutale : la classe politique haïtienne n’a jamais eu pour mission de gouverner un peuple, mais de le détruire méthodiquement, de le soumettre, de l’effacer de l’équation nationale.

Une caverne de voleurs et de traîtres

Les hommes qui se proclament « politiciens » en Haïti ne sont, pour la plupart, que des mercenaires d’un système oligarchique, des serviteurs dociles des familles qui contrôlent l’économie, des exécutants des ordres venus d’ailleurs. Ils ne dirigent pas, ils exécutent. Ils ne gouvernent pas, ils gèrent la misère comme une marchandise, vendant l’espoir à crédit tout en hypothéquant l’avenir de millions d’Haïtiens.

• Le pouvoir comme un commerce illiciteÊtre élu en Haïti n’a jamais signifié servir. C’est une transaction. Une place au Sénat, un siège à la Chambre des députés, une fonction ministérielle, tout cela s’achète et se vend comme sur un marché noir. Ceux qui y accèdent ne cherchent pas à transformer la société, mais à récupérer leur investissement et à multiplier leur fortune.

• L’État, un festin pour les charognardsLe budget national n’est pas un outil de développement, c’est un butin. Les fonds alloués aux infrastructures disparaissent avant même d’être débloqués. L’aide internationale devient une manne pour ceux qui savent manipuler les comptes offshore. Pendant que les rues de Port-au-Prince s’effondrent sous les ordures, pendant que la faim ronge les entrailles des enfants, les politiciens, eux, festoient dans des palais dorés, protégés par des mercenaires armés.

• Une complicité avec les oligarques : l’alliance du crime et du pouvoirLes véritables maîtres d’Haïti ne sont pas les politiciens, mais les oligarques qui contrôlent l’économie, fixent les prix, monopolisent l’importation, dictent les décisions du gouvernement. Ce sont eux qui choisissent les candidats aux élections, ce sont eux qui financent les campagnes, ce sont eux qui décident qui sera président, député ou sénateur.

Il n’y a pas de politique en Haïti, seulement un cartel où chaque acteur joue son rôle dans la destruction de la nation. L’oligarque s’accapare des richesses, le politicien vote les lois qui l’arrangent, et le peuple n’a droit qu’à la misère et au silence.

Un peuple complice de son propre malheur ?

La classe politique haïtienne est corrompue, vendue, indigne. Mais une question demeure : comment ces criminels en costume parviennent-ils à se maintenir au pouvoir ? Parce qu’une partie du peuple, par résignation ou par nécessité, accepte d’être complice de son propre asservissement.

• Le vote vendu : un crime contre la nationChaque fois qu’un citoyen échange son vote contre quelques billets, il vend son avenir et celui de ses enfants. Chaque fois qu’un peuple choisit un voleur au lieu d’un bâtisseur, il scelle sa propre damnation. Un État dirigé par des criminels ne peut que produire le chaos et la misère.

• La peur et la soumission : des chaînes invisiblesLe peuple haïtien, jadis fier et insoumis, a été réduit à la peur. Peur de parler, peur de se révolter, peur de prendre son destin en main. Mais quelle est cette vie où l’on survit sans dignité, où l’on accepte l’humiliation quotidienne, où l’on tolère l’inacceptable ?

• La nécessité d’un réveil collectifHaïti n’a pas besoin d’un messie, elle a besoin d’un peuple conscient. Elle n’a pas besoin d’attendre un sauveur, elle a besoin de citoyens qui refusent de se laisser manipuler, qui exigent des comptes, qui brisent le cycle de la soumission.

Il n’y a pas de fatalité. Ce système, cette classe politique, ces oligarques ne tiennent que parce que le peuple accepte encore de les subir. Le jour où Haïti décidera de se lever, rien ne pourra l’arrêter.

• Refuser les fausses électionsTant que le système électoral sera corrompu, tant que les candidats seront imposés par les puissances de l’argent et de l’étranger, participer à ces mascarades reviendra à légitimer sa propre oppression.

• Exiger une gouvernance nationale et patriotiqueIl est temps que la politique cesse d’être un business pour redevenir un engagement. Haïti a besoin de dirigeants animés par une véritable vision nationale, prêts à affronter l’adversité et à servir leur peuple plutôt que de se servir eux-mêmes.

• Reprendre le contrôle de l’économie nationaleTant que l’économie restera entre les mains d’une poignée de familles, tant que l’importation sera un monopole, tant que l’État ne produira rien, la misère sera la seule destinée du peuple.

Haïti doit redevenir maîtresse de ses richesses, de ses terres, de ses ressources. Il ne s’agit pas de mendier des aides, mais de bâtir une économie indépendante, où chaque citoyen peut vivre dignement du fruit de son travail.

Haïti ne sera sauvée que par ses propres fils et filles

Personne ne viendra libérer Haïti. Aucun État étranger, aucune organisation internationale, aucun dirigeant corrompu ne le fera. Seuls les Haïtiens eux-mêmes, conscients de leur destin, capables de rejeter la manipulation et la corruption, peuvent reconstruire leur pays.

Les criminels en costume qui se proclament politiciens ne sont forts que de la faiblesse du peuple. Briser ce cycle de trahison et d’exploitation est le devoir sacré de chaque Haïtien qui refuse de voir sa terre mourir.

“Un pays ne tombe pas seulement sous les coups de l’ennemi, mais sous la trahison de ceux qui devaient le protéger. Haïti ne périra pas tant que des hommes et des femmes debout refuseront la servitude et réclameront la justice.”

Par l'Institut Dessalinien

Théodule Paul

Président de l’Institut Dessalinien