Haïti : Entre la Faim, la Terreur et le Désespoir – Un Peuple Abandonné
Haïti, terre de héros et de révolutionnaires, saigne aujourd’hui sous le poids de trois fléaux impitoyables : la faim, la terreur et le désespoir. Jadis symbole de fierté et de résistance, la nation se retrouve aujourd’hui à genoux, délaissée par ses dirigeants, trahie par ses élites et oubliée par le monde.
La faim qui ronge, silencieuse et implacable
Les assiettes sont vides, les ventres creusent et les corps s’affaiblissent. Dans les ruelles poussiéreuses de Port-au-Prince comme dans les campagnes isolées, les enfants aux yeux creux ne pleurent même plus — la faim a déjà volé leurs dernières larmes.
Le riz, l’huile, les denrées de base sont devenus des luxes inaccessibles. Le marché est devenu un champ de bataille où seuls les plus chanceux repartent avec de quoi subsister un jour de plus. Pendant ce temps, les rares produits disponibles se vendent à prix d’or, enrichissant quelques profiteurs pendant que la majorité crève la bouche ouverte.
Et les soi-disant autorités ? Elles festoient en silence, à l’abri des regards affamés, protégées par des murs épais et des gardes armés. Les discours creux sur la souveraineté alimentaire ne remplissent pas les estomacs vides.
La terreur qui règne en maître
Comme si la faim ne suffisait pas, la terreur s’est installée partout. Des gangs, armés jusqu’aux dents, ont transformé les quartiers populaires en zones de guerre. Ils imposent leur loi dans une impunité totale. Kidnappings, viols, meurtres… la barbarie est devenue une routine quotidienne.
Les rues, autrefois animées, sont devenues des couloirs de la peur. Chaque sortie devient une loterie macabre où l’on ne sait jamais si l’on rentrera vivant. Les mères prient pour que leurs enfants partent à l’école et reviennent sains et saufs, mais trop souvent, ces prières restent sans réponse.
Et où sont les forces de l’ordre ? Elles sont terrées, dépassées ou complices. Les fusils qui devraient protéger la population semblent s’être retournés contre elle. Le peuple est abandonné à la merci des bêtes sauvages qui règnent sans pitié.
Le désespoir qui étouffe l’espoir
Que reste-t-il à un peuple qui a faim et qui vit dans la peur ? Le désespoir. Un désespoir profond, noir comme la nuit, qui avale les rêves et éteint les âmes.
Les jeunes, autrefois porteurs d’espoir et d’avenir, ne rêvent plus que de fuir. Partir à tout prix, sur une embarcation de fortune ou par n’importe quel chemin, quitte à risquer leur vie. Mourir en mer semble moins cruel que mourir lentement de faim ou sous les balles.
Les familles se déchirent, les communautés s’effritent, et même la foi vacille face à tant de souffrance. Chaque jour qui passe ressemble au précédent : une lutte pour survivre jusqu’à demain, sans aucune garantie que demain viendra.
Un cri étouffé, une révolte qui gronde
Mais l’histoire d’Haïti n’a jamais été celle d’un peuple soumis. Sous les cendres de la misère, une braise continue de brûler. Ce peuple qui a vaincu Napoléon, qui a arraché sa liberté au prix du sang, n’est pas fait pour ramper indéfiniment.
Les responsables de cette tragédie — ces élites corrompues, ces autorités fantômes, ces profiteurs de la détresse — doivent entendre ce cri. Car le silence du peuple affamé, terrorisé et désespéré n’est pas un signe d’acceptation. C’est le calme avant la tempête.
L’Institut Dessalinien appelle à la prise de conscience, à la mobilisation de toutes les forces vives du pays. Haïti ne mérite pas ce sort. Le peuple haïtien ne mérite pas cette souffrance.
Il est temps de se lever. Pour que la faim cesse de tuer. Pour que la terreur ne dicte plus nos vies. Pour que l’espoir renaisse des ruines.
L’histoire d’Haïti ne doit pas finir en larmes et en cendres. Elle doit retrouver sa dignité. Dessalines ne s’est pas battu pour que son peuple crève de faim dans la peur et l’oubli.
Théodule Paul
Président de l’Institut Dessalinien